Peter Kurmann, La nef de la cathédrale de Strasbourg, son architecture et ses images : essai de synthèse

La salle Pasteur était comble pour écouter mercredi 15 février M. Peter Kurmann, le grand spécialiste de l’architecture gothique et auteur de nombreux articles qui font autorité, parler de la nef de la cathédrale pour en proposer un essai de synthèse.
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Il reconnaît à cet édifice un manque d’unité architecturale pour trois motifs. La cathédrale est le résultat d’un long et lent processus qui a duré trois siècles, ce qui ne peut lui conférer d’homogénéité stylistique ; d’autant que chaque époque voulait être à la pointe de l’art contemporain, poussant son modernisme jusqu’à l’excès ; enfin par fidélité à la tradition, on s’est appuyé sur les dimensions de la cathédrale wernérienne. Cela étant, le conférencier voit en la nef l’un des grands chefs d’œuvre de l’architecture gothique française par ces caractéristiques que sont la légèreté de la structure portante et l’intrusion de la lumière, le tout donnant une impression de fragilité, à l’image de l’ancienne abbatiale royale Saint-Denis, qui a servi de modèle.

Construite en deux campagnes distinctes, la nef comporte 234 petites sculptures aux écoinçons, ce qui en fait un décor figuratif unique dans l’Europe continentale. Mais la grande sculpture se ressent parfois d’avoir été réalisée par des tailleurs de pierre et non d’authentiques sculpteurs : la première équipe s’étant dispersée, il a fallu appeler d’autres mains, moins qualifiées.

Les vitraux, quant à eux, sont dotés d’un aspect idéologique frappant. S’ils représentent les ancêtres du Christ et la Vierge dont la présence est massive, les prophètes (dont certains proviennent incontestablement de l’Hortus deliciarum), les saints et jusqu’aux rois, c’est parce que tous ces personnages jouent un rôle dans l’histoire du salut.

Ainsi, convoquant architecture, sculpture et vitraux, s’appuyant sur des comparaisons bienvenues comme sur les travaux de chercheurs, M. Kurmann a su montrer à quel point la cathédrale de Strasbourg est équilibre entre art rhénan et art gothique français.

Francis Klakocer

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