Au Musée historique

Le musée historique de Strasbourg est d’une richesse telle que sa conservatrice, Mme Monique Fuchs, a pu animer une visite guidée axée uniquement sur la cathédrale.

Dès le rez-de-chaussée, la capitulation de Strasbourg a retenu l’attention ne serait-ce que par l’inexactitude de sa représentation et l’incertitude de l’endroit d’où le peintre a peint Strasbourg, derrière les remparts de laquelle émerge la flèche de la cathédrale. La question se pose ainsi tout de suite : existe-t-il beaucoup de représentations de la ville sans qu’y figure son édifice emblématique ? La réponse est non, bien évidemment, tant l’une appelle l’autre. Cela se vérifie pleinement dans le tableau où la cathédrale apparaît à l’arrière-fond de la scène où les citoyens strasbourgeois prêtent serment, le jour du Schwörtag. Même le plan relief de la ville – fidèle pourtant jusque dans les fenêtres et portes des diverses habitations – n’échappe pas à la règle : la cathédrale y est surdimensionnée puisque représentée en 1/500e alors que la ville s’y donne à voir en 1/600e !

L’amour porté à cet édifice est tel que ses maquettes ne manquent pas : papier, bois, bronze, argent, tous les matériaux sont employés pour la magnifier. Et ce jusque dans des détails inattendus : ainsi de celle où, selon l’angle adopté, l’œil peut pénétrer l’intérieur et reconnaître le pilier des Anges ou la chaire de Geiler ! A chaque salle, l’Histoire pointe le bout du nez, dramatiquement ou satiriquement. Qu’il s’agisse du bonnet phrygien ou de l’affiche Hinaus mit dem Schwowe Plunder conçue comme une réponse à une affiche de propagande nazie : en lieu et place de la culture française balayée vers la gauche, donc vers l’ouest, l’aigle bicéphale et les croix gammées sont balayées vers la droite, vers l’est donc, mais dans les deux cas la cathédrale lance sa flèche dans les nues, symbole d’une œuvre revendiquée par deux nations.

Plus d’une heure de visite, donc, portée à bout de bras par une conservatrice dynamique qui a captivé par sa science et son… humour. Au grand plaisir des Amis de la cathédrale venus nombreux participer à ce qui aura été sa dernière prestation officielle. Qu’elle en soit remerciée.

Francis Klakocer

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